Ethique et influence



La Rédaction


A l’occasion de la parution d'INFLUENTIA Damien BRUTE DE REMUR nous présente en exclusivité son chapitre intitulé « Ethique et influence ». L’auteur est Maître de Conférences Hors Classe honoraire de l’Université de Montpellier 1. Il est Docteur d’Etat, Directeur de Recherche en Sciences de Gestion, membre du CEREGE de Poitiers. Damien BRUTE DE REMUR est également rédacteur en chef de « la Revue Internationale de l’Intelligence Economique » (R2IE).



Vous avez contribué à l’ouvrage INFLUENTIA par un chapitre sur l’éthique. Pourquoi l’éthique ?

Il y a un peu plus d’un an le club des dirigeants commerciaux de France (DCF) m’a sollicité pour une conférence en me demandant de traiter le sujet « Crises économiques, histoire et fondements ». J’ai accepté tout de suite et puis à la réflexion je me suis trouvé devant une question embarrassante : Quel est le dénominateur commun des crises économiques depuis 3 siècles ? A force de tourner cette question dans tous les sens, j’ai pris le parti de traiter de l’éthique comme « fil rouge » dans l’histoire des crises. Je me suis passionné pour ce travail et l’accueil par le public des DCF fut à la hauteur de mes espérances, certains avouant qu’ils n’avaient jamais si bien compris les mécanismes économiques !

Pas besoin d’être grand clerc pour voir que le manque d’éthique est très présent dans les questions économiques et politiques aujourd’hui ! C’est d’autant plus vrai dans le monde de l’information. J’ai eu aussi l’occasion d’écrire un chapitre sur l’intelligence informationnelle dans l’ouvrage «Ethique dans les communications numériques », sous la direction de Serge Agostinelli (Editions l’Harmattan)

Aussi lorsque Ludovic François m’a proposé de contribuer à cet ouvrage sur l’influence, j’ai tout de suite pensé à l’éthique.

En quoi le thème de l’influence est il proche de l’éthique ?

De l’influence à la manipulation il n’y a qu’un pas et dans une société dominée par l’information la confiance est essentielle entre les partenaires. Si la question se pose entre partenaires, elle se pose aussi entre adversaires ou concurrents. Même dans les situations de « combat économique », et la concurrence sur les marchés a très souvent été regardée au travers de l’analogie militaire, la régularité des « manœuvres », indispensable pour assurer l’égalité des chances et le bon équilibre des forces, suppose le respect d’une véritable déontologie. Le développement et la croissance de l’économie et des entreprises n’a de sens que dans une logique de « bien commun » ou encore de « dévolution universelle des biens ». Une société qui laisserait libre champ à « la raison du plus fort » risque de se nuire à elle-même. On voit les dégâts que cause la corruption dans un certain nombre de pays ! Le marché est profitable à tous seulement dans la mesure où il est réellement régulé !

Lorsque l’on parle de stratégies d’influence, comme dans le cadre plus général de l’Intelligence Economique, le développement des actions n’est acceptable que dans le respect des partenaires ou concurrents, respect qui passe par des règles.

Les règles de droit ne sont elles pas alors suffisantes ?

On pourrait le penser de prime abord et la contribution dans l’ouvrage d’un avocat réputé dans l’intelligence Economique, Thibault du Manoir, est évidemment essentielle. Mais il faut savoir qu’en matière d’information, le droit positif trouve rapidement ses limites. Le passage du tangible à l’intangible amène les juristes sur des terrains nouveaux et il suffit de se souvenir du long chemin parcouru pour cerner le problème de la propriété de l’information pour se rendre compte que les choses ne sont pas simples. Imaginez vous de lister les actions licites et les illicites en matière d’influence ? Comment caractériser les faits ? Les qualifier ? Les sanctionner ?

Le droit a progressé considérablement continue de le faire. Mais d’une part en attendant ces avancées du droit, le domaine a besoin de règles, formelles ou tacites, et d’autre part il est à penser que jamais le droit ne pourra couvrir complètement le sujet. Nous sommes clairement dans le champ déontologique, donc de l’éthique.

Quelles en sont alors les principales règles ?

Je vous invite bien sûr à la lecture ! On peut cependant invoquer les débats qu’il faut en quelque sorte « gérer » de ce point de vue. Les difficultés de la fameuse loi HADOPI ont montré une chose : la recherche de règles simples et stables n’est pas terminée. On a souvent évoqué la possibilité de passer par la certification. C’est possible pour les questions liées aux technologies et à la sécurité de l’information ; mais beaucoup plus difficile sur le champ plus large de l’Intelligence Economique auquel appartient l’influence. J’ai parlé de confiance. Les travaux de Gilles Le Cardinal (La dynamique de la Confiance) restent une référence sur le sujet. Transparence, sincérité, on retrouve des principes bien connus. Une chose est à retenir de toute façon : les interlocuteurs doivent comprendre que l’intérêt de toutes les parties en présence est de respecter ces principes autant que faire se peut. Toute situation est susceptible de connaitre des inversions ou renversements. Comme on a traité son interlocuteur on sera traité à son tour ! Cette règle de réciprocité est facile à comprendre et à mettre en œuvre. 

Lire le résumé du chapitre de Damien BRUTE DE REMUR : 

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