Redécouvrez l’intelligence collective



Romain Zerbib


L’intelligence collective peut être un fantastique levier pour libérer la créativité, générer de l’engagement et accroître les performances de l’entreprise.



Quand on parle d’intelligence collective, on fait référence à la capacité qu’a un groupe à s’auto-organiser et à faire preuve d’un comportement global qui témoigne d’une aptitude cognitive plus importante que celle de n’importe lequel des individus qui le composent.
 
Du microscopique au macroscopique  

Ce phénomène se rattache à ce que la science appelle des « propriétés émergentes », qui s’observent à tous les niveaux, du monde microscopique au monde macroscopique. Par exemple, la combinaison de deux atomes d’hydrogène et d’un atome d’oxygène est quelque chose de fondamentalement différent de ces éléments pris séparément : de l’eau.
 

De la même façon, lorsque deux êtres humains interagissent, ils manifestent un comportement différent que lorsqu’ils sont seuls. Un phénomène d’autant plus marqué lorsque le nombre d’individus grandit et donne naissance à une organisation. Celle-ci obéit à des lois propres, distinctes de la psychologie individuelle. Parmi les premiers théoriciens qui ont tenté de modéliser ces lois, on retrouve Gustave le Bon ou Gabriel Tarde, les pères de la psychologie collective moderne.
 

Les phénomènes collectifs peuvent aboutir à des manifestations négatives, comme l’hystérie collective, mais aussi à des manifestations positives, qu’on peut observer dans n’importe quel sport collectif. Dans une équipe, un joueur sera petit et rapide, un autre fort et endurant ; un joueur aura un excellent sens tactique, un autre la capacité à motiver ses camarades. Séparément, ces caractéristiques trouvent vite leurs limites. Mais leur combinaison forme quelque chose de plus important et de plus efficient que la simple somme des parties. Les pilotes de chasse qui volent en formation acrobatique expliquent ainsi qu’ils ont parfois le sentiment de devenir un organisme collectif, capable de manifester un comportement clairvoyant sans que l’information ne suive un chemin hiérarchique entre eux (lire aussi la chronique : « Ce que les comités de direction doivent apprendre des équipes de voltige aérienne »).
 
De l’animal à l’humain  

L’intelligence collective existe également de façon omniprésente dans le monde animal : les fourmis ou les abeilles, par exemple, démontrent un incroyable degré d’intelligence dans leur organisation, alors même que les individus coupés du collectif se révèlent inaptes. Ce même phénomène s’observe chez les mammifères dans les meutes de loups, chez les singes, les oiseaux, etc. Il est particulièrement frappant de voir comment des nuées d’oiseaux peuvent accomplir des figures aériennes complexes en une fraction de seconde et en restant parfaitement en formation.
 

Cependant, alors que l’intelligence collective a, dans la nature, un caractère mécanique et prévisible qui découle de l’instinct, elle dépend chez l’homme d’une possibilité culturelle. Dans les premiers âges de l’humanité, la capacité à coopérer était une des conditions de la survie du groupe. L’empathie est donc inscrite au plus profond de notre être (lire aussi l’article : « Les limites de l’empathie »). Toutefois, elle entre en conflit constant avec des programmes comportementaux qui sont apparus ultérieurement et qui favorisent les stratégies individualistes.
 

Pour faire preuve d’intelligence collective, une organisation humaine a donc besoin de réunir certains facteurs clés. Et ce par le biais d’une ingénierie organisationnelle, mais aussi lorsque le contexte l’exige – comme à l’occasion d’une crise.
 
D’Apollo 13 à Harley Davidson  

« Houston… We’ve had a problem ». Le 14 avril 1970, à 3 heures du matin, un réservoir d’oxygène du module de service Apollo explose pendant son trajet vers la Lune. Débute alors une course contre la montre pour ramener les membres de l’équipage sains et saufs sur Terre. Les probabilités d’y parvenir sont extrêmement faibles. Impossible de faire demi-tour, la seule stratégie viable est de poursuivre le trajet jusqu’à la Lune et de calculer la trajectoire du module pour qu’il entre dans l’orbite lunaire et revienne sur Terre.


Le module principal étant devenu inhabitable, les trois astronautes se réfugient dans le module lunaire Aquarius. Le taux de CO² y augmentant rapidement, ils risquent de mourir étouffés. C’est alors que les ingénieurs de la NASA bricolent dans un temps record un filtre à air  qui leur permet d’éliminer l’excès de CO². Les astronautes sont sauvés.
 


Lire la suite sur Harvard Business Review.fr

Romain Zerbib